Poetas

Poesía de Francia

Poemas de Antoine-Vincent Arnault

Antoine-Vincent Arnault (París, 1 de enero de 1766 – Goderville, 16 de septiembre de 1834) fue un político, poeta y dramaturgo francés, padre del también dramaturgo Lucien Arnault. Arnault nació en París el 1 de enero de 1766. Su primera obra, Marius à Minturne (1971), consagró inmediatamente su reputación. Un año después, se publicó su segunda tragedia, Lucrèce. Arnault salió de Francia durante El Terror, pero a su regreso fue arrestado por las autoridades revolucionarias. Fue liberado gracias a la intervención, entre otros, del también dramaturgo y poeta Fabre d’Églantine.

Arnault se convirtió en amigo de Napoleón Bonaparte, quien en 1797 le puso al cargo de la organización administrativa de las Islas Jónicas, ocupadas por Francia. En 1799, Napoleón le hizo miembro del Instituto de Francia, además de darle un puesto en el Ministerio del Interior. Murió en Goderville el 16 de septiembre de 1834.

Otras de sus obras son Blanche et Moncassin, ou Les Vénitiens (1798) o Germanicus (1816)

LA HOJA

De la materna rama desprendida,
¿adonde vas perdida,
hoja marchita y seca?—No lo sé:
el fuerte roble que me dio la vida
murió, y suelta quedé.

Voy, desde aquel momento,
adonde quiere conducirme el viento,
blanda brisa ó indómito aquilón;
juguete de su aliento
todos mis vuelos son.

Voy en fugaz carrera
del bosque á la pradera;
subo al monte empinado, y sin cesar,
descendiendo la rápida ladera,
por el llano otra vez vuelvo á rodar.

Sin quejas enojosas,
á mi destino fiel,
yo voy adonde van todas las cosas,
adonde van las hojas de las rosas,
adonde van las hojas del laurel.

La feuille

—De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ?—Je n’en sais rien.
L’orage a frappé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine,
Le zéphyr ou l’aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais où le vent me mène.
Sans me plaindre ou m’effrayer,
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.

Les amis à deux pieds

«Je préfère un bon cœur à tout l’esprit du monde,
Et d’amis à deux pieds je me passe fort bien,»
Disait certain monsieur qui vit avec son chien
Dans une retraite profonde.
«Je n’ai pas d’autre ami que lui,
Humains; et s’il tient aujourd’hui
La place qu’en mon cœur longtemps vous occupâtes
C’est qu’il ne m’est pas démontré
Que l’on ait aussi rencontré
L’ingratitude à quatre pattes.»

La pièce de bœuf

Sans la pièce de bœuf il n’est point de dîné.
Combien, en fait de bœuf, n’a-t-on pas raffiné !
En plus de cent façons je crois qu’il s’accommode :
L’un veut qu’en miroton le bœuf soit mitonné,
L’autre qu’en vinaigrette il pique assaisonné ;
Moi, j’aime le bœuf à la mode.
Le bœuf grille en Espagne ; en Allemagne il bout ;
À la Chine, en France, partout,
Point d’enfant gâté qui n’en mange,
Pourvu qu’on l’apprête à son goût.
J’en dis autant de la louange.
Honnêtes gens qui m’écoutez,
L’aimez-vous moins que moi ? Disons sans honte fausse,
Que, pour ce mets aussi, jamais les dégoûtés
Ne disputent que sur la sauce.

Au maître d’un jardin

De ce chaume heureux possesseur,
De bon cœur, hélas ! que j’envie
Tes travaux, ta philosophie,
Ta solitude et ton bonheur !

Pour prix des soins que tu leur donnes,
Tes arbustes reconnaissants
Et des printemps et des automnes
Te prodiguent les doux présents.

Ô trop heureux qui peut connaître
La jouissance de cueillir
Le fruit que ses soins font mûrir,
La fleur que ses soins ont fait naître !

Toujours la terre envers nos bras
S’est acquittée avec usure.
Qui veut s’éloigner des ingrats
Se rapproche de la nature.

Ne craindre et ne désirer rien,
Etre aimé de l’objet qu’on aime,
C’est bien là le bonheur suprême ;
C’est le sort des dieux, c’est le tien.